En France et en Europe, le sel fait partie intégrante de notre alimentation au quotidien, quelle qu’en soit sa forme. Raffiné ou non raffiné, iodé ou brut, blanc, gris ou rose… les options sont nombreuses et leurs lots d’idées reçues aussi !
À l’heure où le « retour au naturel » est plébiscité, le sel non raffiné séduit de plus en plus, au détriment de son homologue raffiné, souvent décrié. Pourtant, est-il vraiment plus sain que son cousin industriel ? Entre bienfaits supposés, présence de métaux lourds et enjeux liés à l’iode, beaucoup de questions se posent et un tri s’impose.
Dans cet article, on vous explique tout ce qu’il faut savoir sur ces deux sels afin de faire un choix éclairé, sans tomber dans les pièges marketing.
L’essentiel à retenir
- Sel raffiné (exemple : La Baleine) : type de sel traité industriellement, contient principalement du chlorure de sodium et est enrichi en iode et autres minéraux. Contient l’additif E535, sans danger tant que la DJA est respectée.
- Sel non raffiné (ex : sel de Guérande, de l’Himalaya) : non traité et donc plus naturel, il conserve ses minéraux mais ces derniers sont en quantité trop faible pour couvrir nos besoins quotidiens. De plus, il peut aussi contenir des métaux lourds dangereux pour la santé.
- L’iode est un oligo-élément essentiel à la santé thyroïdienne. Le sel raffiné étant iodé, il permet de combler les carences fréquentes.
- Additif E535 : utilisé comme antiagglomérant dans le sel raffiné, il est non cancérigène à dose classique et n’est toxique qu’à haute dose.
- Apport recommandé en sel : maximum 5 g par jour selon l’OMS. Dépasser ce seuil augmente les risques de maladies cardiovasculaires, d’obésité et d’hypertension.
Différences entre sel raffiné et sel non raffiné 🧂
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut bien comprendre la différence entre sel raffiné et non raffiné.
Le sel raffiné est un sel qui a été traité industriellement via une transformation. Ce procédé blanchit le sel et retire la grande majorité de ses minéraux pour ne laisser que le chlorure de sodium (NaCl), soit le sel à proprement parler. On y ajoute également un antiagglomérant : l’E535.
📌 Marque : en référence classique de sel raffiné, nous retrouvons notre sel “La Baleine”.
Le sel non raffiné, quant à lui, est la forme la plus naturelle possible du sel de table, avec tous ses minéraux et oligo-éléments conservés (magnésium, potassium, etc.) et sans ajout d’additif. Sa couleur est plutôt grise et sa texture est plus granuleuse.
📌 Marque : ici, ce type de sel correspond, entre autres, au sel de Guérande, de Camargue ou encore au sel rose de l’Himalaya.
Vu comme ça, le sel non raffiné donne bien plus envie, je vous l’accorde. Toutefois, vous allez voir que ce n’est pas forcément le plus bénéfique à votre santé…
Le sel non raffiné : une alternative pas si différente au sel raffiné
Pour vous montrer à quel point les déboires au sujet du sel non raffiné sont injustifiés, que diriez-vous d’un petit duel improvisé entre le décrié sel raffiné (incarné par “La Baleine”) et le fameux sel de Guérande non raffiné ? Accrochez-vous, c’est parti !
Le sel non raffiné contient plus de minéraux, mais…
Certes, le sel de Guérande contient davantage de minéraux que le sel “La Baleine”. Cependant, le fait qu’il ne soit pas traité favorise la présence de métaux lourds dans sa composition.
En effet, une étude australienne a montré que le sel non raffiné contenait à la fois des minéraux… mais aussi des métaux lourds comme le plomb ou le cadmium (1).
Il faut bien comprendre que la quantité des minéraux tant convoités dans le sel de Guérande est insignifiante par rapport aux apports journaliers dont nous avons besoin.
Dans cette même étude, les chercheurs en arrivent à la conclusion suivante sur le sel rose de l’Himalaya : “malgré la richesse en nutriments du sel rose, une consommation de plus de 30 g par jour (environ 6 cuillères à café) serait nécessaire pour contribuer significativement à l’apport nutritionnel…”.
Vous comprenez bien qu’à des doses pareilles, au-delà des apports potentiels en minéraux, cette dose gargantuesque de sel serait plus dangereuse pour nous qu’autre chose !
Le sel “La Baleine” est enrichie en iode, contrairement au sel de Guérande 🐳
Bien que “La Baleine” soit un sel raffiné et dépourvu de minéraux de prime abord, cela ne l’empêche pas d’en être enrichi après sa purification.
Ainsi, ce sel bénéficie de l’ajout de différents minéraux et oligo-éléments comme :
- le magnésium,
- le potassium,
- l’iode.
Ce dernier est essentiel au bon fonctionnement de notre thyroïde puisqu’il augmente la production des hormones thyroïdiennes. Cette glande joue un rôle majeur dans notre santé en contrôlant notamment notre métabolisme, notre sommeil, et bien d’autres fonctions primordiales.
📌 À noter : l’apport journalier recommandé en iode est d’environ 150 µg.
Plus de 2 milliards de personnes dans le monde en sont carencées, raison pour laquelle la France a décidé d’enrichir le sel de table en iode, du fait de sa consommation régulière et quasi unanime par les Français.
Quant au sel non raffiné, il n’est pas iodé, et ne contribue donc pas à cet apport nécessaire et trop souvent négligé.
Pour conclure, selon un rapport publié en 2024 par l’OMS et le réseau mondial pour l’iode, l’Europe est aujourd’hui davantage exposée aux risques de carence en raison de l’évolution de nos régimes alimentaires (3).
Raison de plus pour se tourner vers le sel raffiné si notre alimentation est faiblement iodée.
Le sel raffiné et l’additif E535 : un antiagglomérant pas si dangereux ☢️
Le ferrocyanure de sodium E535 est un additif qui sert d’antiagglomérant étant uniquement autorisé dans le sel de table, à hauteur de 20 mg par kilo de sel. Concrètement, il permet d’en conserver sa fluidité et éviter qu’il ne s’agglomère.
Contrairement à certaines croyances, il n’est pas considéré comme cancérigène et demeure toxique seulement à forte dose. C’est pourquoi, depuis 2020, une dose journalière admissible (DJA) a été fixée à 0,03 mg par kilo de poids corporel pour cet additif.
Autrement dit, un adulte de 70 kg devrait consommer environ 105 g de sel par jour pour dépasser cette DJA et être exposé à des risques toxiques.
En somme, une telle quantité serait avant tout dangereuse de par sa teneur en chlorure de sodium (sel). Comme je le dis toujours : c’est la dose qui fait le poison !
📌 À noter : il ne faut pas confondre le terme “ferrocyanure” avec le cyanure de potassium qu’on retrouve dans les films d’espions et qui tue à très petite dose.
Si vous voulez à tout prix éviter le ferrocyanure de sodium, vous pouvez prendre du gros sel La Baleine qui n’en contient pas mais qui est aussi iodé !
Sel raffiné ou non : la quantité recommandée reste la même ⚖️
Pour terminer, ce point reste selon moi essentiel à souligner : l’apport en sel journalier recommandé par l’OMS est de 5 g maximum par jour. Au-delà de cette dose, vous vous exposez à des risques d’hypertensions artérielles, de cancer gastrique ou encore d’obésité.
Par “sel”, on parle du chlorure de sodium, qui est présent en quantité équivalente pour nos deux candidats.
📌 À noter : que ce soit du sel raffiné ou non, l’impact sur votre santé reste le même. Chaque 2,5 g consommé au-dessus de la dose quotidienne recommandée de 5 g augmente tes risques de maladies cardiovasculaires de 17% (2).
Alors ? Convaincus ?
Avec tous ces éléments réunis, je vous laisse vous faire votre propre avis sur le type de sel à préconiser.
Personnellement, je consomme généralement du sel de table dans mes plats quotidiens, et quand il s’agit de déguster une bonne viande, je me fais plaisir avec du bon sel de Camargue. Ça ajoute de la texture et du goût !
Quelle est la composition du sel “La Baleine” ?
Pour ce qui est de sa composition, le sel raffiné La Baleine est composé des ingrédients suivants :
- Sel de mer : principal composant, constitué majoritairement de chlorure de sodium (NaCl).
- Fluorure de potassium : ajouté pour apporter du fluor, contribuant à la prévention des caries dentaires.
- Iodure de sodium : source d’iode, essentiel au bon fonctionnement de la glande thyroïde.
- Ferrocyanure de sodium E535 : un additif antiagglomérant ajouté pour conserver la fluidité du sel.
D’où vient le sel La Baleine ?
Petit point culture, le sel La Baleine est produit en France, dans le Gard, plus précisément aux salins d’Aigues-Mortes. La marque “La Baleine” a été créée et déposée en 1934 par la Compagnie des Salins du Midi à Montpellier.